Retour sur la participation de Pilar Martínez-Vasseur au Festival International du Cinéma de Huesca
« Pour diriger un Festival il faut garder les pieds sur terre et être humain«
Bien que professeur d’Histoire contemporaine, hors cadre professionnel Pilar Martínez-Vasseur n’a jamais aimé regarder en arrière, mais elle admet dernièrement ne penser qu’à son passé.
« Depuis qu’on m’a annoncé que le Festival International du Cinéma de Huesca allait m’attribuer le Prix Pepe Escriche j’ai commencé à rembobiner afin de revivre les souvenirs que je partage avec lui (Pepe Escriche) et je suis vraiment très reconnaissante de recevoir ce prix et de pouvoir le lui dédier« , affirme la jacetana. [Prix Pepe Escriche décerné à Pilar Martínez-Vasseur le vendredi 17 juin 2016 au cours de la cérémonie d’ouverture de la 44e édition du Festival International du Cinéma de Huesca].
Co-directrice du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes depuis 1991, aux côtés de José Márquez et Joxean Fernández, Pilar Martínez-Vasseur et ses collègues ont rencontré Pepe Escriche, alors directeur du Festival de Huesca, il y a quinze ans, dans le cadre d’un événement culturel à San Sebastián.
« Dès le premier instant ils nous a traités comme s’il nous connaissait depuis toujours et presque immédiatement nous sommes devenus ses amis« , se souvient l’aragonaise à qui, en pensant à lui, viennent à l’esprit les mots « bonté » et « humour ». « Il nous faisait toujours rire« , précise-t-elle.
« Pour diriger un festival il est nécessaire de toujours garder les pieds sur terre et d’être aussi humain que l’était Pepe Escriche. C’était également un homme très généreux qui respectait le monde du cinéma sans distinction aucune, aussi bien les grands noms du cinéma que les débutants« , précise la représentante du festival français.
Pilar Martínez-Vasseur souligne le fait que le cinéma « établit des ponts entre les cultures« , une des préoccupations majeures de Pepe Escriche, et que l’équipe du Festival de Huesca tente de maintenir en agissant comme « de petits Pepes Escriches« .
« Et puis, grâce à Pepe, beaucoup de réalisateurs sont venus à Nantes. Les deux festivals ont toujours été unis. Pepe aura jusqu’au bout participé au rendez-vous français. »
« Tout le cinéma espagnol est venu à notre Festival«
Le Festival du Cinéma Espagnol de Nantes a été créé au cœur du département d’Histoire contemporaine de l’Université de Nantes par les professeurs et historiens Pilar Martínez-Vasseur, José Márquez et Joxean Fernández, l’actuel directeur de la Cinémathèque Basque.
La création du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes répond à une volonté d’essayer de changer l’opinion des Français sur la société espagnole, car « au début des années 90 ils pensaient encore qu’en quelque sorte le franquisme n’avait pas complètement disparu et ne comprenaient pas la pluralité de l’État« , explique la co-directrice d’un festival qui a commencé sous la forme d’un cinéclub et qui, durant toutes ces années a projeté 2.500 films, accueilli 700 invités, et dont la programmation attire chaque année plus de 27.000 personnes.
L’Académie des Arts et des Sciences Cinématographiques d’Espagne a attribué à cet événement le prix González-Sinde en 2007, et Carlos Saura, Montxo Armendáriz, Fernando León de Aranoa, Imanol Uribe, Elena Anaya, Fernando Trueba, Paco León ou encore José Luis Guerín ne représentent qu’une petite partie de toutes les personnalités qui ont assisté à ce rendez-vous, puisque, selon sa co-directrice, « tout le cinéma espagnol est venu à notre festival ». Dans le cadre de cet événement, en plus des long-métrages les plus importants d’Espagne, « nous programmons également depuis quelques années des court-métrages, et toutes les projections sont pleines à craquer« , assure-t-elle.
Actuellement, Pilar Martínez-Vasseur, qui a été membre du jury aux festivals de San Sebastián et de Málaga, prépare une étude sur la perception de la cinématographie espagnole en France depuis 1980, à travers laquelle elle met en évidence que « en plus d’Almodóvar, qui a un énorme succès en France, le cinéma espagnol intéresse de plus en plus« .
« La clé serait que le public parvienne à se familiariser avec le cinéma espagnol en dehors des festivals, nous aurions alors tout gagné. »
Source : Diario del AltoAragón, viernes, 17 de junio de 2016
(Texte traduit)
