"Black is Beltza II : Ainhoa" (2022)

 

Une grande fenêtre basque

Le cinéma qui nous nourrit est celui qui nous bouleverse. La cinéphilie nantaise est bouleversée chaque année par les échos d’un cycle en provenance des terres basques depuis plus de deux décennies grâce au soutien de l’Institut basque Etxepare. À ce stade, il est probable que de nombreux stéréotypes sur le Pays basque soient tombés à mesure que grandissait l’admiration pour les cinéastes nés dans ce coin d’Europe particulièrement beau et incroyablement fertile dans le domaine cinématographique.

À Nantes, on connaît les pionniers du cinéma basque que sont Imanol Uribe ou Ana Díez car on a vu leurs films et on les admire. Aujourd’hui, ils reviennent à Nantes pour présenter leurs dernières œuvres en lien avec leur propre expérience outre-Atlantique : Imanol Uribe au Salvador pour raconter un épisode de la répression contre la théologie de la libération à la fin des années 1980 (Llegaron de noche) et Ana Díez au Mexique pour réfléchir sur l’éducation (A quien cierra los ojos). Mais il y a cette année dans le cinéma basque une surprenante pluralité. Il fait la part belle à la fiction avec un film sur une jeunesse qui regarde le monde rural et n’y trouve pas précisément un paradis (Suro, Mikel Gurrea). Il propose aussi une profonde réflexion sur la maternité et la famille (Cinco lobitos, Alauda Ruiz de Azúa). La non-fiction n’est pas en reste avec une ode à la contribution fondamentale des personnes qui nous aident à aimer les livres (A los libros y a las mujeres canto, María Elorza) et le récit de voyages personnels qui se connectent à des réalités qui transcendent l’individu (Tetuán, Iratxe Fresneda). Comédie (El vasco, Jabi Elortegi), animation (Black is Beltza II : Ainhoa, Fermin Muguruza), adaptation littéraire inclassable (Les avantages de voyager en train, Aritz Moreno) et, bien sûr, la moisson des meilleurs courts-métrages basques de l’année (Kimuak).

Le fait que tous ces longs-métrages soient présentés par celles et ceux qui les ont réalisés est un privilège qui fait la grandeur de cette Fenêtre basque 2023. La réalisatrice du film multi-récompensé Cinco lobitos fera cependant exception donc nous avons trouvé une alternative de choix à son problème d’emploi du temps. En effet, un quart de siècle plus tard, l’immense comédien Ramón Barea revient à Nantes. Et on a le sentiment qu’avec lui, la fenêtre devient un véritable Arc de Triomphe… du talent.

Joxean Fernández
Directeur de la Cinémathèque Basque

La sélection de courts-métrages Kimuak 2022