Regards sur la ville
De ville en ville, de bâtiments madrilènes en constructions lointaines, de films en documentaires, le cycle « Regards sur la ville » propose un itinéraire varié. Construite en collaboration avec Manuel Hidalgo, journaliste au quotidien El Mundo, critique de cinéma et scénariste, cette programmation de sept films regarde la ville, son architecture, ses formes, ses habitants, ses mouvements. L’occasion pour le Festival de se faire l’écho d’un urbanisme espagnol à la fois rongé par l’explosion de la bulle immobilière et plein de ressources et de promesses au regard du savoir-faire des architectes madrilènes et de leurs œuvres exportées à travers le monde. À Nantes, le temps de quatorze jours de Festival, la ville se filme, s’expose, s’explose et se (re)construit.
Ma planète artificielle
Si les technologies ont bouleversé les notions de temps et d’espace, elles remettent aujourd’hui en question le sempiternel clivage ville-campagne. On voit apparaître une nouvelle dualité bien plus flagrante : le matériel et l’immatériel, le virtuel et le réel. Virtuels, un adjectif qui qualifie bien la bulle immobilière et son éclatement, malheureusement caractéristique d’un marché espagnol ambitieux et fragile. La réalisatrice Mercedes Álvarez y pénètre avec son deuxième documentaire, Marché d’avenirs / Mercado de futuros (2011). L’ancienne élève de José Luis Guerín laisse derrière elle le monde rural de Soria (Le ciel tourne / El cielo gira, 2005, projeté à Nantes en 2006 et 2010) et nous introduit dans les mutations de l’espace urbain et dans un marché du logement incontrôlé où l’accès à la propriété est tardif, surtout dans la péninsule ibérique. Cet accès à la propriété devient parfois un idéal, un objectif de vie. Car la désillusion du couple trentenaire, mis en scène par Max Lemcke, face à l’attente infinie d’un appartement qui ne sera jamais livré, n’est pas unique. Leur terrasse de Cinq mètres carrés / Cinco metros cuadrados (2011) restera dans le domaine du rêve, comme bon nombre de projets immobiliers paralysés dans toute l’Espagne.
Dans l’antre de la ville
Des films policiers aux comédies, la ville et ses habitants apparaissent sous toutes leurs coutures dans le cinéma espagnol. C’est en tout cas le cadre choisi par un réalisateur espagnol de renom, David Trueba (La belle vie / La buena vida, 1996), pour brosser le portrait de la jeunesse madrilène en pleine crise d’adolescence.
Quel rôle la ville s’offre-t-elle dans le cinéma espagnol ? Quelle a été l’influence du contexte politique, social et économique (Franquisme, Transition, Movida…) sur les productions hispaniques ? Des questions auxquelles tentera de répondre Manuel Hidalgo, auteur de biographies sur Luis García Berlanga, Carlos Saura et Fernando Fernán Gómez, et dont plusieurs œuvres ont également été adaptées au cinéma (El portero de Gonzalo Suárez). Il animera aux côtés du réalisateur David Trueba et Philippe Bataille, directeur de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, le samedi 24 mars, une « cosmo-rencontre » sur la représentation urbaine à l’écran à travers les époques et les genres.
Des ponts et merveilles
Viaduc de Millau, City Hall de Londres, Tour Caja Madrid… Les réalisateurs espagnols Carlos Carcas et Norberto López Amado ont braqué leur caméra sur l’œuvre ambitieuse et prospère du célèbre architecte britannique Norman Foster. Ses réalisations, le succès florissant de son agence et sa vie privée sont compilés dans le documentaire Norman Foster, présenté en avant-première française au Festival. L’exposition « Madrid 100 % architecture II » offre, quant à elle, un autre itinéraire architectural à travers les réalisations madrilènes, qu’elles se trouvent en Espagne, aux États-Unis ou au Chili. Elles soulignent l’innovation, la qualité et l’originalité dans des projets aussi grandioses qu’inattendus : marché des halles, centre nautique, château d’eau…
Si l’architecture fait le lien entre l’habitat et l’habitant, qu’en est-il du lien entre les habitants eux-mêmes ? Comment rencontrer son propre voisin dans des métropoles de plus en plus grandes, rassemblant des millions de personnes ? Mariana et Martín se croisent et se recroisent sans jamais se voir dans l’immense Buenos Aires contée et reconstruite par Gustavo Taretto (Medianeras, 2011). C’est pourtant parfois la construction urbaine, ou encore sa disparition, qui rassemble les habitants d’un quartier, qu’il soit menacé comme le Cabanyal de Valence ou en réhabilitation comme le Quartier chinois de Barcelone (En construcción de José Luis Guerín, 2001). C’est la superposition des époques et des édifices, du futur sur le passé, qui les rassemble dans le présent.
Les films du cycle
Ce cycle est réalisé en partenariat avec la Cinémathèque de Navarre et le Gouvernement de Navarre