Dans Cycles 2007, Edition 2007
Migrations, exils et déracinement - FCEN 2007

 

Dans l’Histoire de l’Espagne des XIXe et XXe siècles, les migrations politiques (exil) et économiques ont joué un rôle capital dans la vie sociale, économique mais aussi politique et culturelle du pays. Qui plus est, le phénomène migratoire a été le témoin du destin historique d’une Espagne que l’on pouvait qualifier jusqu’en 1950 d’agraire et considérer comme un pays d’émigrants et qui, tel un symbole des transformations socio-économiques expérimentées au fil du temps, est devenue, à partir des années 1980, une terre d’accueil pour les ressortissants de différents continents. Depuis 1980, l’immigration augmente de façon continue et présente, en outre – du fait de son décalage historique, de sa composition et de son type d’insertion économique – de grandes différences avec l’expérience des autres pays européens.

 

Traces et mémoire dans le cinéma

Avant même que l’immigration ne devienne un sujet de débat dans la presse et l’opinion publique espagnoles, le cinéaste Montxo Armendáriz, une fois de plus, fait figure de précurseur, en abordant dès 1990, dans Les lettres d’Alou, l’histoire d’un clandestin sénégalais à la recherche de travail et d’intégration dans l’Espagne du boom économique. Le langage cinématographique, comme la langue tout court, d’ailleurs, ne s’y trompe pas : bien que l’émigration et l’immigration soient l’avers et l’envers d’un même phénomène, il concerne les mêmes hommes, il scinde, coupe – ex/in – com-me pour mieux signifier la bipolarité quasi irréductible de points de vue de différents films présentés dans ce cycle : Saïd, de Llorenç Soler (1998), Flores de otro mundo, de Iciar Bollaín (1999), Poniente, de Chus Gutiérrez (2002), Etrangères, de Helena Taberna (2003), Princesas, de Fernando León de Aranoa (2005) et Le train de la mémoire de Marta Arribas et Ana Pérez. En 2006, Carlos Iglesias signe sa première réalisation, Un franc, 14 pesetas, et met en scène sa propre histoire de fils d’immigré partant en Suisse dans les années 60 et Driss Deiback rend hommage, dans Les perdants, aux combattants marocains recrutés par l’armée franquiste pendant la Guerre civile, seuls vaincus dans le camp des vainqueurs.

 

Un colloque, organisé les 19 et 20 mars, va privilégier ainsi l’édification d’une mémoire de tous ces hommes et femmes «ni tout à fait d’ici ni tout à fait d’ailleurs» et qui sont les éternels oubliés de l’Histoire.
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