Volver, Tout sur ma mère, Lucía y el sexo, Les amants du cercle polaire, … tous ces films ont quelque chose en commun, une couleur, un souffle qui nous sont familiers. Toutes ces bobines sont habillées, caressées, transportées par les musiques de Alberto Iglesias (San Sebastián, 1955), devenu en l’espace de dix printemps un des meilleurs ambassadeurs du cinéma espagnol dans le monde. Ce compositeur basque aux sept Goya – équivalents des César en Espagne – est devenu le maître de musique attitré de Pedro Almodóvar et Julio Medem, dans la lignée de toute une génération de compositeurs basques. Inspiré par Carmelo Bernaola ou Luis de Pablo, il étudie le piano au Conservatoire de musique de San Sebastián pour ensuite se former à la composition auprès de Francis Schwartz à Paris. Convoité désormais par les plus grands, oscarisé pour Volver en 2006, c’est dans les années quatre-vingt qu’il fait ses premières armes avec Imanol Uribe, Montxo Armendáriz ou Juanba Berasategi, se jouant des cordes, des percussions et toutes sortes d’instruments pour accompagner et donner aux images une autre résonance.
La musique à l’écoute de l’image
«Le cinéma peut supporter la complexité d’une partition. Je ne crois pas que la musique soit un facteur essentiel, elle doit surgir de l’image, de son énergie et de l’électricité qu’elle dégage.» Il voit donc la musique comme le résultat de l’image. Cette humilité et ce sens de l’écoute des réalisateurs avec qui il collabore semblent primer sur le reste car, selon lui, composer une bande originale, c’est d’abord mettre de côté son style et son ego pour ensuite se mettre au service du réalisateur.En rendant hommage à Alberto Iglesias, nous saluons le talent d’un homme qui a su donner à la musique de films la place qu’elle mérite dans l’univers cinématographique, aux côtés des acteurs et des réalisateurs de renom. Nous consacrons dans ce Festival une des composantes essentielles à la magie d’un film : la musique grâce à laquelle l’image prend vie. La musique comme une actrice à part entière, de celles qui donnent le ton, vous font peur, rire ou pleurer selon la note, le rythme et la couleur choisis. De celles qui savent aussi se détacher du texte, qui se laissent porter par les décors et par les autres acteurs. La musique comme la voix ou le jeu d’un des acteurs incontournables du cinéma espagnol d’aujourd’hui.
Le choix d’Alberto Iglesias
Volver de Pedro Almodóvar (2006) : Goya de la Meilleure bande originale, Prix du compositeur européen aux European Films Awards
The Constant Gardener de Fernando Meirelles (2006) : Nomination aux Oscars 2006
Comandante de Oliver Stone (2003)
Parle avec elle de Pedro Almodóvar (2002) – Goya de la Meilleure bande originale
Les amants du cercle polaire de Julio Medem (1999) – Goya de la Meilleure bande originale