Pour la première fois à Nantes, le Festival est heureux d’accueillir le réalisateur espagnol Víctor Erice en tant qu’Invité d’honneur de l’édition 2024.
Víctor Erice, un certain regard
Présent du 28 au 30 mars 2024
Víctor Erice, un certain regard
Présent du 28 au 30 mars 2024
Cet électron libre du cinéma espagnol aborde comme nul autre l’enfance, l’identité, la mémoire et le passage du temps. Pour cet enfant de l’après-guerre civile, le cinéma fut d’abord un passeport pour la liberté. Avec son premier long-métrage L’Esprit de la ruche (1973), mondialement salué, les spectateurs découvraient un cinéma à l’état pur, ancré dans l’histoire de l’Espagne. Sans oublier le légendaire regard de l’innocente Ana (Torrent) aux côtés d’une figure paternelle fantasmagorique, qui habitera presque toute l’œuvre du réalisateur.
La mémoire dans la peau
Pénétrant chacune des alvéoles du cinéma d’Erice, la mémoire est un fardeau que l’on porte, mais duquel on peut aussi se libérer. Ses personnages nous ressemblent, avec leurs doutes, leurs quêtes et leurs souvenirs rassurants (ou terrifiants). Avec eux, nous ouvrons les yeux sur nos échecs et nos frustrations. Sur l’importance de cette mémoire et du droit à l’oubli. Des émotions qui passent très souvent par le regard de l’acteur, habité, voire perdu et très souvent tourné vers le passé, comme dans Fermer les yeux (2023), où le réalisateur projette un demi-siècle de trajectoire cinématographique.
Le cinéma, ce “pays qui n’est pas sur la carte”
Pétri de 7e art, Erice est d’abord un spectateur de Godard, Pasolini ou de De Sica. Une cinéphilie qu’il aborde dans Víctor Erice : Paris-Madrid allers-retours (2010), documentaire d’Alain Bergala. Voir et faire du cinéma constitue en effet le quotidien d’un artiste sincère. Qui distingue le cinéma de l’audiovisuel. Qui n’a jamais interrompu son écriture cinématographique depuis son dernier long-métrage de fiction Le Sud (1983), livrant des courts et moyens-métrages mais aussi des Correspondances avec l’Iranien Kiarostami (2006). Enfin, cette expérience cinématographique, qu’Erice imagine comme une révélation, passe avant tout par la salle de cinéma, parfois ambulante (L’Esprit de la ruche) ou orpheline (Fermer les yeux). Là où Erice donne rendez-vous à ceux qu’il aime appeler ses « semblables », pour vivre ensemble l’expérience du cinéma. Les yeux grands ouverts.
Arnold Faivre
Les temps forts de sa venue à Nantes
Carmen Maura sera à Nantes du vendredi 31 mars au samedi 1er avril 2023. L’actrice espagnole donnera une masterclass (samedi 1er avril, Théâtre Graslin) et présentera plusieurs de ses films en salle, au cinéma Katorza.
2 films présentés en salles
Cinéma Katorza
- Salvajes (2001) de Carlos Molinero
> vendredi 11 juin, 20h05 / samedi 12 juin, 11h00 - La fleur de mon secret / La flor de mi secreto (1995) de Pedro Almodóvar
> dimanche 13 juin, 17h00
Cité des congrès
- La fleur de mon secret / La flor de mi secreto (1995) de Pedro Almodóvar
> samedi 12 juin, 17h
Masterclass
de VÍCTOR ERICE animée par ALAIN BERGALA
Retrouvez le réalisateur espagnol et le critique de cinéma, essayiste et réalisateur français sur la scène du Théâtre Graslin, le jeudi 28 mars à 21h. Accessible à toutes et tous, la masterclass aura lieu en français.
La masterclass sera précédée à 18h de la présentation et projection du dernier long-métrage de Víctor Erice, Fermer les yeux (2023), présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2023.
En savoir plus
Diplômé de l’École de Cinématographie de Madrid en 1963, Víctor Erice a débuté en tant que scénariste et a réalisé des films publicitaires avant de se lancer dans la réalisation de l’un des épisodes du film à sketches Les défis, en 1969. Son véritable succès arrive en 1973 avec son premier long-métrage, L’Esprit de la ruche, qui révèle au public la toute jeune Ana Torrent et lui apporte au réalisateur une reconnaissance critique et publique internationale.
Dix ans plus tard, ce cinéaste perfectionniste signe Le Sud (1983), présenté en Compétition officielle à Cannes. Il faudra une nouvelle fois attendre dix ans pour découvrir, en 1992, un nouveau film de Víctor Erice : Le Songe de la lumière, prix du Jury et de la Critique internationale au Festival de Cannes.
Malgré peu de longs-métrages à son actif, il n’a cessé de tourner en s’impliquant dans des projets collectifs tels que Celebrate Cinema 101 en 1996 et Ten Minutes Older : The Trumpet en 2002.
En 2006, il est au coeur d’une exposition très remarquée en collaboration avec Abbas Kiarostami. Présentée au Centre Pompidou Erice-Kiarostami : Correspondances, est conçue, sous la direction du commissaire d’exposition Alain Bergala, comme un « dialogue créateur » entre les deux réalisateurs, donnant naissance à une correspondance audiovisuelle ainsi qu’un moyen-métrage intitulé La Morte Rouge. Par la suite, Víctor Erice prend part à divers projets audiovisuels et installations vidéo.
Son quatrième long-métrage, Fermer les yeux, est présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2023.
Tout au long de sa carrière, Víctor Erice n’a cessé d’expérimenter et de pousser la réflexion de la représentation cinématographique à travers des thèmes qui lui sont chers (l’enfance, l’identité, la mémoire et le passage du temps).