Carmen Maura

C’est sur scène que Carmen Maura, « la plus française des actrices espagnoles » et figure incontournable de La Movida, débute sa carrière. Elle apparaît sur grand écran dans les années 70, d’abord dans des seconds rôles, avant d’être révélée quelques années plus tard en 1977 dans le premier long métrage de Fernando Colomo, Tigres de papel. L’année suivante, elle tourne Les yeux bandés de Carlos Saura, puis elle est rapidement repérée par le jeune Pedro Almodóvar qui lui offre un rôle marquant dans son premier long métrage Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier. C’est sous sa direction que son jeu d’actrice va véritablement s’exprimer dans toutes ses dimensions et son inventivité, aussi bien dans le rôle d’une religieuse dompteuse de tigres (Dans les ténèbres), que dans celui de la mère de famille dépassée par les événements (Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?) ou encore d’un transsexuel excentrique (La loi du désir). En 1989, elle remporte son premier Goya de la Meilleure actrice dans Femmes au bord de la crise de nerfs, suivi en 1991 et 2001 de deux nouveaux prix dans la même catégorie.

Elle tourne une nouvelle fois pour Carlos Saura en 1990, qui lui offre le rôle principal dans ¡Ay, Carmela!. Ce rôle de comédienne ambulante haute en couleur s’avère déterminant pour la suite de son parcours, et elle en garde d’ailleurs une profonde gratitude pour le réalisateur, comme elle a pu le rappeler lors de sa masterclass à Nantes. Sa carrière se poursuit parallèlement en France, où elle tourne principalement dans des comédies avec des réalisateurs tels que Étienne Chatillez, André Téchiné ou Nadir Moknèche. En 2006, Le Festival de Cannes lui remet le prix de la Meilleure Interprétation pour Volver, tandis que six ans plus tard, son rôle de bonne dans Les femmes du sixième étage de Philippe Le Guay lui vaut le César du Meilleur Second Rôle Féminin. Forte d’une carrière de près de 150 films et lauréate de trois Goya pour une seule et même catégorie, un prix décerné par le Festival de Cannes ainsi qu’un César, Carmen Maura est l’une des rares actrices de l’histoire du cinéma espagnol pouvant s’enorgueillir d’un tel palmarès.

Invitée d’honneur de la 32e édition, le Festival lui a laissé carte blanche pour choisir les films de son parcours qu’elle souhaitait mettre en lumière à Nantes : aux classiques d’Almodóvar elle a préféré des œuvres plus confidentielles telles que Lisboa, Le harem de Madame Osmane ou Sombras en una batalla. Le 1er avril, elle a retrouvé le public au théâtre Graslin le temps d’une masterclass ou plutôt d’une vivante rencontre – terme qu’elle lui préfère – au fil de laquelle elle a livré un récit de vie et de cinéma émaillé d’anecdotes, interpellant volontiers la salle et l’invitant à échanger avec elle, détournant avec malice et irrévérence les attendus d’une leçon de cinéma.

Films projetés au Festival :

Volver de Pedro Almodóvar (2006) / 2007-2008

800 balas de Álex de la Iglesia (2002) / 2003-2012

Le harem de Madame Osmane de Nadir Moknèche (2000) / 2023*

La comunidad de Álex de la Iglesia (2000) / 2002

Lisboa de Antonio Hernández (1999) / 2002-2023*

Sombras en una batalla de Mario Camus (1992) / 1995-2000-2001-2023*

¡Ay, Carmela! de Carlos Saura (1990) / 1992-1995-1996-2000-2015-2022-2023*

Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodóvar (1988) / 2005

¿Qué he hecho yo para merecer esto ? de Pedro Almodóvar (1984) / 1990-2018-2023

Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón de Pedro Almodóvar (1980) / 1996-1999-2011

Titre (année de sortie) / Année de projection au Festival   * film présenté par l’invitée