Ouvrir les yeux sur le cinéma basque
Si vous avez à cœur de nourrir une cinéphilie sans frontières (il n’en existe pas d’autre) et que vous fréquentez ce Festival depuis des années, vous en savez sûrement plus sur le cinéma basque que vous ne le pensez. Car, grâce à l’Institut Basque Etxepare, la fenêtre ouverte à Nantes a vu passer le meilleur du cinéma de ce coin d’Europe particulièrement fertile.
Commençons par la fin. Le vivier formé dans les eaux vives du court-métrage (Kimuak) explique en partie l’émergence de talents qui brillent actuellement partout dans les festivals internationaux et dans les remises de prix : Estibaliz Urresola Solaguren, Isabel Herguera, David Pérez Sañudo, Víctor Iriarte, Raúl de la Fuente, etc.
Une autre génération a fait le grand saut dans les années 90, alors que personne ne l’attendait, et s’est nourrie avant tout du cinéma, de la bande dessinée et du rock and roll. Le réalisateur Pablo Berger (Mon ami robot) et le scénariste Michel Gaztambide (Fermer les yeux) en sont deux bons exemples.
Mais avant cela, il y avait déjà des Basques inclassables comme Eloy de la Iglesia, des artistes d’avant-garde comme Iván Zulueta ou des maîtres comme Víctor Erice. Ce dernier, cinéaste au quotidien, revient trente ans après sur le terrain du long-métrage avec Fermer les yeux (2023), une nouvelle des plus réjouissantes pour les cinéphiles du monde entier.
Dans la Sélection Officielle en compétition, on pourra voir Sobre todo de noche de Víctor Iriarte et Chinas d’Arantxa Echevarría. La production basque Border Line sera présentée dans la sélection Premiers Films. Et dans la Compétition Documentaires, on retrouvera Oskar Alegria (Zinzindurrunkarratz), déjà primé il y a quelques années au Festival.
Quelques-unes des meilleures surprises de l’année ont une signature basque : l’immersion dans un environnement de création féminine d’Itsaso Arana ; la poésie des détails du quotidien avec Félix Viscarret ; le film collectif Negu hurbilak et son portrait original d’un Pays Basque de silence et de bruit, de carnaval et de violence ; et le voyage inspiré et inspirant à travers la contribution historique et les défis futurs des femmes cinéastes basques du documentaire de Gaztelumendi et Zufía.
Une année de plus, la fenêtre s’ouvre et nous ouvrons les yeux sur le cinéma basque, qui veut imiter l’arbre de Gernika dans la vieille chanson : porter des fruits et les répandre dans le monde entier.
Joxean Fernández
Directeur de la Cinémathèque Basque