Vingt fenêtres basques
On ouvre des fenêtres pour aérer les maisons. Parfois, comme l’a écrit García Márquez, on ouvre une fenêtre et un coup d’œil fortuit peut être l’origine d’un cataclysme d’amour. Ou bien, comme le chantait Víctor Jara, il faut ouvrir la fenêtre et laisser le soleil éclairer tous les recoins… De toutes les fenêtres du monde, le cinéma est peut-être la plus belle, la plus voyageuse, la plus lumineuse et celle qui a fait naître le plus d’amours. Comme disait Rohmer, de tous les arts, il est celui qui peut capturer le mieux « la vérité et la beauté du monde, la vérité et la beauté des choses ». Voilà vingt ans que Nantes garde une fenêtre ouverte sur le Pays basque, sur sa beauté et sur sa vérité. On peut être tentés de « sentir que la vie n’est qu’un souffle et que vingt ans ne sont rien », il n’en est pas moins vrai qu’elle est la seule au monde avec ces caractéristiques.
Après l’annulation de la dernière édition, ce cycle fête ses vingt ans en ligne, comme le reste du festival. Un festival qui a malgré tout gardé son âme de salle obscure et de rendez-vous entre public et cinéastes, et qui persiste à programmer du cinéma et à regarder vers l’avenir. Cette année encore, sur les bords de Loire, on verra des films basques. Deux d’entre eux en section officielle : le retour de Juanma Bajo Ulloa avec Baby, dans lequel on retrouve l’auteur qui nous a tant surpris dans les années 90, et le premier film très primé de David Pérez Sañudo, Ane. Comme eux, de vieilles connaissances visiteront virtuellement le festival : Oskar Alegría, déjà récompensé dans la section documentaire, propose un voyage poétique et personnel avec Zumiriki, qui a fait ses premiers pas au Festival de Venise ; Lara Izagirre présentera son deuxième long-métrage, Nora, un roadmovie avec des sentiments à fleur de peau ; Telmo Esnal réalise une réflexion écolo-pandémique dans URtzen ; le doyen des cuisiniers basques est le protagoniste d’Arzak Since 1897, réalisé par Asier Altuna, primé à Nantes avec son précédent film. Et enfin, le deuxième long-métrage d’Imanol Rayo, qui opte courageusement pour les chemins du risque dans Hil kanpaiak.
Le menu ne serait pas complet sans un classique du Festival : la sélection des meilleurs courts-métrages basques (à travers le programme Kimuak encouragé par l’Institut Basque Etxepare et la Cinémathèque basque) dont deux seront en compétition (Quebrantos et El ruido solar).
Joxean Fernández
Les films de la Fenêtre basque
La sélection de courts-métrages Kimuak 2020