Avec plus de 70 films inédits (fictions, documentaires, longs et courts-métrages, films du patrimoine, films « jeune public »…), 40 invité.e.s, 200 projections en version originale sous-titrée à chaque édition, ainsi que de nombreuses rencontres-débats, le Festival du Cinéma Espagnol de Nantes est peu à peu devenu le rendez-vous majeur du cinéma espagnol en France.

 

Présentation du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes

Chiffres-clés FCEN2024

Histoire(s) du Festival

Il était logique que les thématiques des deux premières éditions fussent, en quelque sorte, consacrées à un état des lieux : « Le cinéma espagnol des années 80 », puis « Cinéma espagnol, entre tradition et modernité ». La programmation s’est ensuite rapidement étoffée, et l’on est passé de 7 films en 1990, à 13 dès la deuxième année, puis 40 en 2005, pour le quinzième anniversaire, et 70 en 2019. Ce qui n’a pas changé, c’est le désir de promouvoir au mieux le cinéma espagnol, en accompagnant les projections de tables rondes, d’expositions et de rencontres avec des artistes espagnols et français.

Plusieurs prix ont été créés : le Prix Jules Verne, dès 1999, pour les films de fiction inédits en France. Il a toujours été accompagné du Prix du Public. Notre action auprès du public jeune nous a menés à créer, en 2003, un Prix du Jury Jeune puis, en 2005, celui du Court-Métrage. 2008 marque les débuts de la compétition Premiers Films, qui sera suivie en 2010 par celle des Documentaires. En 2019, est créé le Prix du Jury Scolaire pour récompenser le meilleur film sélectionné par les élèves du secondaire.

Soulignons que la visibilité des femmes réalisatrices a toujours été grande à Nantes. Le Prix Jules Verne a été remporté par Icíar Bollaín avec Flores de otro mundo (2000) et Ángeles González-Sinde, avec Una palabra tuya (2009). Le Prix du Public à nouveau par Iciar Bollain en 2004 (Te doy mis ojos) et en 2019 (Yuli) puis, par Isabel Coixet (La vida secreta de las palabras), en 2006, puis Helena Taberna (La buena nueva) en 2009. Chus Gutiérrez a reçu, également en 2009, le Prix du Jury Jeune pour Retorno a Hansala, alors que le prix Premiers Films a recompensé Irene Cardona pour Un novio para Yasmina, en 2009 et Celia Rico pour Viaje al cuarto de una madre, en 2019.

En 2001, la relation étroite entre Nantes et le Pays basque s’est traduite par l’ouverture d’une Fenêtre Basque, pour la diffusion non seulement des films des cinéastes basques confirmés (tels que Imanol Uribe, Montxo Armendáriz ou Álex de la Iglesia), mais aussi des courts-métrages de nouveaux talents, grâce au programme Kimuak (« Bourgeons ») financé par le Gouvernement basque.

Le Festival a vu passer bon nombre de figures marquantes du cinéma espagnol aussi bien réalisateurs (Carlos Saura, Fernando Trueba, Imanol Uribe, Mario Camus, Montxo Armendáriz, David Trueba, Enrique Urbizu, Pedro Olea, Fernando León de Aranoa, Isabel Coixet…) qu’acteurs (Marisa Paredes, Ángela Molina, Maribel Verdú, Ana Belén, María Barranco, Javier Cámara, Elena Anaya, Rossy de Palma, Luis Tosar, Javier Bardem…).

Ils sont impressionnés par la nouvelle passion nantaise pour le cinéma de leur pays et l’efficacité des nombreux bénévoles qui s’investissent, A cambio de nada (Sans contrepartie) pour reprendre le titre d’un très beau premier film de Daniel Guzmán, primé en 2016.

Les origines

L’idée de créer un Festival de cinéma espagnol à Nantes est née de la part d’enseignants, Pilar Martínez-Vasseur et José Márquez.

Les débuts du festival se sont déroulés à l’Université de Nantes. Cependant, si le projet a germé dans l’enceinte universitaire, il s’est déplacé dans les salles de cinéma. L’arrivée du Festival au Cinématographe en 1990 s’est faite sur la proposition de son directeur de l’époque, Jean-Serge Pineau.

À partir de 1996, le Festival se déplace dans un nouveau cinéma plus grand, le Katorza.

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Présentation du film "Les repentis" (Maixabel) par Icíar Bollaín, réalisatrice, et Maixabel Lasa dont l’histoire a inspiré le film

Une manifestation reconnue

Depuis l’attribution en 2007 du Prix de l’Académie du Cinéma Espagnol « pour son travail de formation des publics et de diffusion du cinéma espagnol en France », le Festival du Cinéma Espagnol de Nantes est désormais reconnu par les professionnels comme la vitrine du cinéma espagnol en France.

En 2016, lui est remis le Prix Pepe Escriche « récompensant ainsi son engagement et sa volonté d’unir à travers l’art audiovisuel deux cultures différentes ».

Il a également été récompensé de l’Ordre Honorifique d’Alphonse X le Sage par M. José Manuel Rodríguez Uribes, Ministre espagnol de la Culture et des Sports en 2021 qui a salué « une référence incontournable, un rendez-vous unique, différent et pionnier ». Un « festival né de la volonté d’une Professeure d’Histoire et de Civilisation Contemporaine de l’Université de Nantes (…) qui était convaincue que le cinéma, en plus d’être une industrie et un loisir, est aussi une ressource utile et efficace permettant d’expliquer l’Histoire. » Un acte d’une haute symbolique pour le FCEN, car c’est la première fois de son histoire que cet ordre distingue un festival de cinéma, soulignant ainsi son importance dans le patrimoine culturel espagnol, l’éducation à la culture espagnole et sa diffusion.

Miroir culturel, vitrine cinématographique

Le Festival a pour objectifs de :

  • Diffuser une cinématographie étrangère en version originale sous-titrée.
  • Diffuser la cinématographie espagnole en France, au carrefour de la production, de la création, de la distribution et de la réception.
  • Réunir à Nantes les plus grands noms du cinéma espagnol autour d’hommages ou de rétrospectives (Javier Bardem, Icíar Bollaín, Rossy de Palma, Marisa Paredes, Fernando Trueba, Álex de la Iglesia, José Luis Borau, Maribel Verdú, Eduardo Noriega, David Trueba, Emma Suárez …)
  • Mettre en lumière les films du patrimoine cinématographique espagnol par le biais de rétrospectives, d’hommages en collaboration avec la Cinémathèque espagnole et les cinémathèques régionales.
  • Mettre en perspective des formats, des genres et des langages cinématographiques divers en direction de publics hétérogènes à travers 5 Compétitions officielles et 7 Prix (Prix Jules Verne, du Public et du Jury Jeune au le Meilleur long-métrage de fiction, Prix du Meilleur documentaire, Prix du Meilleur premier film, Prix du Meilleur court-métrage, Prix du Jury Scolaire) et la projection des films primés à l’Institut Cervantes de Paris et au Colegio de España (Cité Internationale Universitaire de Paris) en aval du Festival.
  • Mettre en avant la jeune création cinématographique espagnole par l’organisation d’une compétition de premières œuvres (Prix du Meilleur premier film).
  • Présenter des cycles qui constituent une véritable fenêtre sur la société espagnole.
  • Diffuser tout au long de l’année des œuvres cinématographiques espagnoles, non seulement à Nantes, mais aussi dans la région et à Paris.
  • Enfin, valoriser, à travers l’édition de livres, les contenus développés lors de chacune des éditions du Festival.

Dans les archives du Festival :

2015

Regards sur 25 ans de cinéma espagnol à Nantes, ‘en terre étrangère’

 

En 25 ans le Festival aura accueilli 260 000 spectateurs, 700 invités, projeté 1200 films et reçu 50 000 collégiens et lycéens.

C’est à Nantes, ville de cultures, de mémoires, de mutations sociales, de croisements identitaires que le Festival a vu le jour un printemps de 1990.

 

Habiter une ville, l’investir par un cinéma venu d’ailleurs, c’est y tisser, par ses allées et venues journalières un lacis de parcours articulés autour d’un canevas allant du Cinématographe (premier lieu du Festival) au Katorza, de Cosmopolis à l’Opéra Graslin puis, en 2015, traversant la Loire, vers Stereolux. Des lieux perméables à la fiction, à l’imagination, dans une «fourmillante cité, pleine de rêves» (Julien Gracq).

 

En théorie, on parcourt ce temps, ces distances rapidement ; en réalité c’est souvent pas à pas. Reste la part des fulgurances : en 2000 celle de la rencontre avec Etienne Roda-Gil, président du Jury Jules Verne, rencontres avec ses idées, les paroles aussi, celles qu’il avait écrites pour Julien Clerc et bien d’autres, celles qui faisaient de sa conversation un chant d’exil tressaillant de vie. Fulgurances encore que celle d’un matin du 11 mars 2004, au lendemain de l’ouverture du Festival, les attentats à Madrid (192 morts), firent de Nantes et d’un événement culturel un lieu de parole, d’échanges, de solidarité avec l’Espagne. Cinéastes et acteurs espagnols (Vicente Aranda, Juan Diego, David Trueba, Juan Diego Botto, Imanol Uribe, Enrique Urbizu) se donnèrent rendez-vous à Nantes pour défendre l’art face à la terreur. Le cinéma traversait l’écran, s’affichant dans les rues et places de la ville.

 

L’histoire du Festival s’est faite ainsi de mille instants, émotions irréductibles à un temps linéaire, rires iconoclastes; échanges par milliers avec le public.

 

Depuis 1990 la cinématographie espagnole a su tisser tous les fils temporels de son histoire. C’est ce qu’auront tenté des dizaines de réalisatrices et réalisateurs, actrices et acteurs présents sur nos écrans tout au long de ces 25 ans : Buñuel, Bardem, Berlanga, Borau, Saura, Erice, Gutiérrez Aragón, Bigas Luna, Almodóvar, Trueba, Armendáriz, Álex de la Iglesia, Ventura Pons, León de Aranoa, Amenábar, Guerín, Rebollo, Bollaín, Verdú, Paredes, Molina, Cámara, Goenaga, Javier Bardem…

 

Pilar Martínez-Vasseur

Programme 2015, extrait de l’Édito