José Luis Guerín

(c) Jorge Fuembuena, 2016

Originaire de Barcelone, José Luis Guerín est l’un des auteurs les plus singuliers et exigeants du cinéma espagnol des trois dernières décennies. Il se sert dès l’adolescence du cinéma comme d’un dispositif de découverte du monde en réalisant des films courts expérimentaux, avant de tourner en 1983 un premier long-métrage très remarqué par la critique : en noir et blanc et en plans fixes, Los motivos de Berta livre le portrait intime d’une adolescente solitaire au cœur de la campagne castillane. Viennent ensuite au début des années 90 le documentaire Innisfree autour de la figure mythique de John Ford et du tournage en Irlande de son film The Quiet Man, puis Le spectre du Thuit, enquête contemplative aux accents expérimentaux à partir des rushes recomposés d’un cinéaste amateur du début du XXe siècle dont Guerín sonde les mystères et les fantômes.

Il travaille différents types d’écritures cinématographiques, du documentaire de création à la fiction, amplifiant ainsi les possibilités narratives sans jamais s’enfermer dans un type de cinéma prédéfini qui limiterait son geste. Son œuvre brouille les genres et les temporalités dans des récits qui s’attachent à suivre des mondes disparus et des traces en train de s’effacer. C’est un documentaire sur la construction d’un immeuble résidentiel dans le Barrio chino de Barcelone et la disparition de ses habitants modestes (En construcción, 2001), qui lui offre une plus large reconnaissance, avec notamment l’obtention du Goya du Meilleur documentaire. La fiction contemplative à la « grâce animale » Dans la ville de Sylvia en 2007 rencontre également un fort écho et se voit récompensée dans de nombreux festivals.

Son cinéma trouve en outre un prolongement fécond dans des commandes muséales telles que celle qui lui est faite par le Centre Pompidou en 2009, où il est invité à converser en images et sons interposés avec le réalisateur lituanien Jonas Mekas, tandis qu’il produit une installation autour des origines de l’image et du portrait où se nouent dans la lumière cinéma et peinture (La Dame de Corinthe). La même année il réalise Guest, une sorte de carnet de notes cinématographique né de ses voyages dans des festivals et des rencontres qu’ils ont suscités. Plus qu’à une forme finie, c’est souvent à l’esquisse que s’intéresse le cinéaste ; il considère d’ailleurs ce film comme « une série de petites esquisses de films possibles ». Il répond en 2015 à une commande du festival du film de La Rochelle qui donnera naissance au documentaire Le Saphir de Saint Louis, avant d’explorer les puissances du verbe et du désir dans L’académie des Muses en 2016.

Le Festival programme pour la première fois en 2002 ce cinéaste de la trace et de l’esquisse avec le documentaire En construcción, puis six ans plus tard avec la fiction Dans la ville de Sylvia, filature amoureuse et expérience esthétique au fil des rues de Strasbourg, qui obtient le prix Jules Verne 2008. Il revient en 2016 avec L’académie des muses, salué par une mention spéciale du jury Jules Verne.

Films projetés au Festival :

 

La academia de las musas (2015) / 2016  > Mention spéciale du jury Jules Verne 2016

Guest (2010) / 2011

En la ciudad de Sylvia (2007) / 2008*-2015   > Prix Jules Verne 2008

En construcción (2000) / 2002-2009-2012

Tren de sombras (1997) / 2009

 

Titre (Année de sortie) / Année de projection au Festival   * film présenté par l’invité

Personnalités en relation :

Pilar López de Ayala (actrice)

Dans les archives du Festival :

2016, Rencontre

Temps forts en images :

Pour en savoir plus :

BREMARD, Bénédicte, En construcción de José Luis Guerín: filmer Barcelone au tournant du siècle, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2019. | FIJO, Alberto, Breve encuentro: estudios sobre 20 directores de cine contemporáneo, Madrid, Cie Dossat, 2004. | LOXHAM, Abigail, Cinema at the edges new encounters with Julio Medem, Bigas Luna and José Luis Guerín, New York, Oxford, Berghahn, 2004. | ORTIZ AVILÉS, Luz Marina, El « flâneur » en el cine de José Luis Guerín, Córdoba, UCOPress, D.L., 2018. | Images documentaires N° 73/74, José Luis Guerín, juin 2012 | Site web : https://joseluisguerin.com/