Le Festival se devait de rendre un dernier hommage à l’un des très grands cinéastes espagnols, José Luis Borau, récemment décédé à Madrid qui nous avait fait l’amitié de venir plusieurs fois à Nantes où son dernier film, Leo (2000) avait remporté le prix Jules Verne en 2001. Sa Fondation (Fundación Borau) a créé et parrainé pendant cinq années le prix Opera Prima du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes, récompensant le Meilleur premier film.
Ce travailleur infatigable et affable, cet humaniste intègre et généreux, à la mémoire prodigieuse, avait consacré sa vie au cinéma mais il était également écrivain. Ami intime de la romancière Carmen Martin Gaite et de Francisco Ayala, il était un excellent narrateur, très fier par exemple du scénario de Mi querida Señorita (1971) qu’il avait écrit avec Jaime de Armiñán, film qui avait été nominé aux Oscars en 1972, et des récits qu’il avait publiés alors qu’il n’était plus un jeune homme.
Sa passion pour le cinéma dont il disait volontiers «qu’on le faisait comme l’amour, comme l’on pouvait », l’avait conduit, dans les années 80 à s’installer en Californie où il avait réussi à tourner un film admirable, Río abajo / On the line (1984 ), un réquisitoire contre l’existence des frontières, qui fut projeté à Nantes lors de l’hommage qui lui avait été rendu en 2008. C’est cette passion qui l’a amené à occuper plusieurs fonctions depuis la critique dans sa prime jeunesse jusqu’à la présidence, de 1994 à 1998, de l’Académie Espagnole des Arts et des Sciences Cinématographiques. Il a été entre temps le metteur en scène de neufs longs métrages dont Furtivos (1975), primé au Festival de San Sebastián et qui a été un énorme succès, mais aussi, acteur, scénariste, producteur, éditeur de livres de cinéma, Directeur de la Semaine de Cinéma Expérimental de Madrid…
L’Académie Espagnole (Real Academia de la Lengua Española), où il avait été élu en 2008, a tenu à honorer sa mémoire en créant un prix qui porte son nom et qui récompensera chaque année le meilleur scénario en langue espagnole.
Emmanuel Larraz, Historien du cinéma
Film en sélection José Luis Borau
Leo de José Luis Borau (2000) (1h26). Avec Icíar Bollaín…
Salva travaille comme veilleur de nuit dans une des plus importantes zones industrielles de Madrid. Le jeune homme fait la connaissance, dans des circonstances étranges, de Leo, qui ramasse des cartons dans les rues. Attiré par elle, Salva accepte ses conditions : écarter l’homme qui lui rappelle un sombre passé.
*Goya 2001 Meilleure Réalisation. Prix Jules Verne Festival de Nantes 2001.